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Projet Média

19 mai 2014

Fraudeurs versus Contrôleurs

 

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Réalités sur la fraude dans les transports en commun montpelliérains

(rédigé par : Mélanie Augustyn, Guillaume Supply et Thomas Rouget)

 

Statistiques

Pour l'année 2014, le nombre de voyageurs qui empruntent quotidiennement les lignes de tramway est estimé entre 255 000 et 300 000, selon la TAM un voyageur sur 4 ne validerait pas son ticket. Les pertes occasionnées par ce phénomène seraient chiffrées à hauteur de  4 000 000€ par an.

Mais qui fraude vraiment ?

A première vue si l'on se fie aux préjugés et aux lieux communs, on peut penser que ce sont essentiellement les jeunes et les étudiants qui fraudent, cette enquête révèle qu'ils ne constituent pas la seule catégorie sociale représentée dans ce phénomène. Nous verrons également au cœur de ce reportage quelles sont les causes et les techniques employées : des plus banales vers la modernité.

Comment l'expliquer ?

"Les abonnements sont hors de prix"

Pour une grande partie des fraudeurs, entre un trajet gratuit d'une centaine de mètres à quelques kilomètres, et un abonnement qui oscille entre 200 et 300€, voire un ticket à l'unité qui coûte 1,40€ le calcul est vite fait pour les fraudeurs rencontrés. Même si une bonne partie des fraudeurs interrogés sont étudiants (car ils ont accepté de répondre à nos questions) d'autres catégories sociales ont été identifiées qu'il s'agisse de chômeurs, de retraités, mais également des employés voire même certains cadres d'entreprise.

Pour les étudiants interrogés l'argument défendu est essentiellement économique ''Après le loyer, l'alimentaire, les frais de scolarité, il ne reste plus grand chose même lorsqu'il s'agit des sorties".

Nous avons également rencontré une personne pressée qui n'a pas pris le temps d'acheter son ticket, jugeant l'opération trop longue alors que la rame suivante était annoncée seulement 2 minutes plus tard. 

Pour l'ensemble des fraudeurs le sentiment de culpabilité quant à leur geste semble inexistant, selon eux le coût des transports en commun amène l'absence de scrupule. Vincent, un vendeur de l'Ecusson déclarant que le prix des transports en commun était injustifié compte rendu de l'insécurité et des nombreuses pannes et retards accumulés.

"Le tram à 1€ qu'en pensez-vous ?''

Philippe Saurel, maire de Montpellier élu lors des dernières élections municipales avait fait de cet argument un des axes prioritaires de sa campagne, souhaitant également diminuer le prix des abonnements.

Pour la majeure partie des usagers que nous avons contrôlé, cette baisse des tarifs à l'unité n'entraînerait pas pour eux une modification radicale de leur comportement vis à vis du règlement du trajet. Paul un usager étudiant à l'Université Montpellier III nous déclare que ce coût resterait un obstacle au financement de ses études, il pencherait davantage vers la mise en place de la gratuité pour les populations plus démunies financièrement : les étudiants, les retraités, les chômeurs.

Cependant, cet avis n'est pas partagé par tous, de son côté Michel pense qu'une baisse significative des abonnements pourrait l'inciter à modifier son geste.

"Cela fait 5 ans que je vis sur Montpellier et que j'utilise régulièrement les transports en commun, je n'ai été verbalisé qu'une seule fois". L'absence relative de contrôle, est l'argument qui semble convaincre les usagers à la fraude, ce que nous avons interrogé n'ont été que rarement appréhendés par les agents de contrôle de la TAM dont le nombre a sensiblement augmenté fin 2012 passant de 80 à une centaine de contrôleurs. , renforcé par une autre société : la SCAT.

"Chaque usager doit se sentir concerné par un éventuel contrôle"

Avec l'appui des effectifs renforcés, les contrôles sont effectués tout au long de la journée du premier au dernier service sur toutes les lignes. Les contrôles se font : dans le tram ou devant chaque porte à chaque descente. La perte de recette, comme nous l'avons déjà précisé est de 4 millions d’euros par an pour la TAM. L’amende s’élève à 48€ et à 32€ pour la validation à vue, si elle n’est pas payée dans les 24 heures 18€ se rajoutent pour les frais de dossiers, et si l’amende n’est toujours pas payée au bout de 10 jours c’est 38€ qui s’y ajoutent. On estime environ 9000 amendes par mois (entre 50 et 400 amendes par jour).

Ce renforcement de contrôle n'a pas l'air d'avoir l'effet escompté sur les individus interrogés, qui pour les plus chanceux d'entre eux n'avaient jamais été verbalisés, Muriel infirmière à l'Hôpital Lapeyronie nous confiait qu'elle traduisait son geste sous la forme d'un jeu ''Avec les contrôles soit on gagne, soit on perd même si j'avoue avoir plus souvent gagné que perdu ». Les usagers disent bien connaître les techniques et notamment les emplacements clés au coeur d'un tramway bondé pour éviter de se faire verbaliser.

Quelles sont les stratégies utilisées ?

Certains fraudeurs jouent sur la chance, en évitant par exemple les heures de pointe, car ils savent que les contrôles seront plus fréquents, surtout aux abords des facultés. Ou alors lorsqu’ils empruntent le tram pour seulement 2 ou 3 stations, le risque de tomber sur des contrôleurs est minimes même s’il existe.

D’autres utilisent la validation à vue c'est-à-dire que les fraudeurs se placent près des bornes dans le tram, et dès qu’ils voient les contrôleurs au loin, ils valident leur ticket (encore faut-il en avoir un sur soi). Ce procédé représente 80% des amendes. Les contrôleurs considèrent deux types de fraudeurs : celui qui reconnaît ne pas avoir payé de ticket, et celui qui n’assume pas le fait d’avoir une amende.

D'autres fraudeurs eux, se trouvent à la pointe de la modernité et circulent en minimisant les risques de contrôle à l'aide de leur smartphone grâce à la solution :

https://www.facebook.com/pages/Info-Controleurs-Montpellier/275468459140390?fref=ts

Cette page collective qui existe sur Facebook depuis plus de 3 ans s'est désormais déclinée sous forme d'application iPhone et Androïd et compte plus de 27 000 membres. L'application consiste à prévenir les usagers en temps réel des lieux de contrôle. Les différents membres s'avertissant mutuellement sous la forme de posts rédigés sur les pages ou applis. « Contrôleurs ligne 2 arrêt Aiguelongue, direction Jacou ». L'ampleur de ce phénomène est considérable à Montpellier en comparaison avec certaines villes à démographie égale.

 

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